Méfions-nous des mythes!

Publié le par Rémi Remoussenard

Vous vous en doutez bien: il ne s'agit pas ici de conseils pour éviter que des insectes fassent des trous dans nos vêtements! Il s'agirait même plutôt du contraire, de voir combien nos systèmes de croyances, conscients ou inconscients, peuvent peser sur nos destinées comme une chape de plomb... Et comment on peut aussi s'en libérer, se vêtir léger pour évoluer selon notre voie personnelle...

L'influence des mythes

On peut observer certaines correspondances entre les mythes fondateurs des peuples et leurs destinées. Il semble que les peuples dont les mythes fondateurs les placent sur un piédestal connaissent une destinée funeste, comme s'ils ne pouvaient qu'en descendre. A l'inverse, ceux dont les mythes les placent au plus bas prennent leur essor, comme s'ils ne pouvaient que s'élever...

Si l'on prend pour exemple le peuple sioux Lakota, dont le mythe fondateur dit qu'il a été créé après les autres peuples en prenant le meilleur de ceux qui existaient déjà, on constate que ce peuple a été combattu, dépossédé illégalement de ses terres, parqué dans des réserves, et sa culture a été fortement censurée...

De même, le peuple Juif, dont le mythe fondateur est celui du "peuple élu", expression utilisée encore aujourd'hui même dans la branche modérée du judaïsme, a connu tout au long de son histoire les massacres et les déplacements forcés...

La civilisation chrétienne s'appuie sur le mythe d'un couple déchu du paradis et, partant de ce point le plus bas, elle n'a cessé, même au travers des persécutions initiales, de s'étendre sur toute la planète.

Et même ce que l'on pourrait appeler le "mythe fondateur scientifique", partant de l'association improbable de molécules organiques en une bactérie unicellulaire, connait un formidable essor...

Mais si partir du plus bas semble donner l'avantage, il y a aussi un revers à la médaille: une tendance revancharde, qui va pousser le peuple en question à combattre les autres systèmes de croyances, et afficher bien fort sa position dominante... De parvenu!

Ceci explique peut-être pourquoi la religion du Christ, crucifié par les romains, a installé le Vatican à Rome...

Et aussi pourquoi la science rejette toujours les phénomènes spirituels, même de nos jours alors que la physique quantique pure et dure nous enseigne qu'il existe bien des bizarreries, comme la rétro-causalité: un évènement présent peut avoir des conséquences sur le passé...

Le temps cyclique

Le serpent qui se mord la queue est appelé ouroboros. Ce symbole, présent depuis très longtemps sur tous les continents, rappelle la rétro-causalité, et évoque un temps qui serait cyclique.

On pensera bien sûr aux cycles naturels du jour et de la nuit, des saisons... Mais l'image va plus loin. Une civilisation crée un mythe fondateur, qui va lui-même donner naissance à une culture, en influant sur sa destinée... Ceci dit, cette culture est aussi libre de modifier son mythe fondateur et donc, par ce retour sur son passé, avoir une influence sur son futur... 

La modification, consciente et éclairée, d'un mythe fondateur pourrait constituer un moyen d'évolution très puissant...

Ecriture et néo-chamanisme

Si l'écriture a bien des avantages, elle va aussi figer une fois pour toute le mythe fondateur d'un peuple. Les plus anciens écrits concernent souvent ces mythes fondateurs, et il ont étés recopiés avec minutie pendant des siècles, rendant difficile leur évolution...

Mais je tiens d'un chaman qui a visité diverses tribus qu'elles aussi ont des systèmes de croyances lourds et figés, la transmission orale les gardant intacts de générations en générations...

Je n'aime pas trop le terme "néo-chamanisme", je lui trouve une consonance new-âge trop guimauve ou bisounours... La pratique des soins, c'est plutôt descendre dans la mélasse et le cambouis!

Ceci dit, la pratique du chamanisme par les occidentaux, dont la culture ne possède pas de système de croyances pouvant s'y rattacher, a l'avantage de repartir sur une page blanche, une ouverture à ce que l'on découvre, plutôt que l'application d'un modèle transmis...

Mythes familiaux et personnels

Bien sûr, il n'est pas évident de modifier le mythe fondateur d'un peuple... C'est peut-être ce que tente la production culturelle, par les contes, la poésie, les romans, les films... Difficile de trouver une direction lorsque la production est aussi vaste que celle de notre civilisation...

Mais il existe dans beaucoup de familles un mythe fondateur, l'histoire d'un ancêtre que l'on transmet à ses enfants... Qui a ses conséquences, bien souvent inconscientes, sur l'avenir familial....

Et nous avons nous-même notre mythe fondateur, l'histoire de notre enfance, telle qu'on l'a gardée en mémoire... Il est intéressant de voir ce que nous avons choisi de garder, de rejeter, et comment nous l'avons peut-être réinventée...

Partons de la source, pour mieux y retourner!

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Commenter cet article

Z
Je commence un long cheminement sur le rapport à l'argent et à l'abondance. Un thème essentiel chargé de mythes collectifs et de croyances personnelles. L'espace inconscient me semble un monde cosmique encore trop peu connu!
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R
J'aime bien ces termes de "monde cosmique" et d'"espace inconscient". Les voyages chamaniques nous mènent, au travers de notre inconscient, jusqu'à l'inconscient collectif évoqué par C.G. Jung. C'est dans ce lieu commun, infini dans l'espace et dans le temps, que les expériences transpersonnelles (expériences partagées, soins...) sont possibles... De quoi nous débarrasser de l'idée selon laquelle notre esprit serait contenu dans notre boîte crânienne!
M
Intéressant cet article. C'est vrai, nous avons tous nos mythes qui, tels des chapes de plomb, comme tu le dis si bien, nous freinent dans notre évolution. On gagne à s'en libérer !
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R
Merci Martine pour ce commentaire à mon article fraichement écrit!