Le chamanisme, la culture et la tradition...

Publié le par Rémi Remoussenard

Il semble qu'en Europe nous ayons complètement perdu la pratique du chamanisme qui fut pourtant bien autant présente qu'ailleurs. Sans les racines locales de notre propre tradition, nous nous tournons vers une autre, ou d'autres cultures.... Mais comment tout cela peut-il s'articuler de façon cohérente?

Tout d'abord, il faut évoquer la nature universelle du chamanisme, pas seulement parce que l'anthropologue Mickael Harner (fondateur de la Fédération d'Etudes Chamanique, Federation for Shamanic Studies), a parcouru les continents pour rassembler les pratiques présentes partout dans ce qu'il a appelé le "Core Shamanism", Chamanisme fondamental.

Le chamanisme est surtout universel dans son efficacité, quelquefois la culture dans laquelle on l'emploie.

Alors, bien sûr, on pourra rire du côté folklorique, des plumes et colifichets bariolés qui ornent chapeau du chaman (photo). L'important pour moi est plus ce que je vois dans ses yeux...

Après tout, si nous rions de l'accoutrement du chaman, c'est parce qu'il est différent de ce que nous rencontrons dans notre culture. Dans la sienne, il n'inspirera que du respect.

Terence McKenna, philosophe américain, disait que la culture est semblable a un système d'exploitation qui, au lieu de piloter un ordinateur, pilote les individus. Il allait même jusqu'à dire que la culture n'est pas notre amie, parce qu'elle formate nos perceptions et réactions, contrôlant ce que l'on doit voir ou non, et comment on doit réagir. La culture serait donc une réduction de notre propre nature...

Mais peut-être, en lisant le titre de cet article, avez-pensé qu'il s'agissait de la culture de la terre si présente en Auxois? Il y a des analogies. Lorsqu'au néolithique nous sommes passés d'une civilisation de chasseurs-cueuilleurs à une civilisation de cultivateurs, nous avons commencé à transformer notre environement immédiat: le champ est une réduction de la nature, et notamment de sa bio-diversité.

Et c'est de plus en plus vrai avec l'évolution actuelle de l'agriculture industrielle.

Les fertilisants chimiques, par exemple, ne fertilisent pas la terre. Ils sont destinés à nourrir directement la plante, avec uniquement trois éléments (azote, phosphate et potasse) alors que celle-ci a au moins besoins de vingt-cinq nutriments. Pire, ces engrais sont toxiques pour une grande majorité des organismes nécessaires à la bonne santé du sol. Et pas seulement les plus petits, puisqu'un seul grain d'engrais azoté (plus petit qu'un petit pois) tue par seul contact un ver de terre ou une grenouille. (voir Le sol, la terre et les champs de Claude et Lydia Bourguignon, ingénieurs agronomes). Et c'est encore pire avec les désherbants, fongicides...

Je pense que la culture devient un problème lorsqu'elle est trop focalisée, dans l'espace ou dans le temps. Les trois éléments des engrais sont efficaces à court terme, mais il faut en remettre tous les ans, et à long terme ils détruisent les sols, avec pour conséquence la diminution de la valeur nutritive des aliments. Cette focalisation sur un rendement rapide nous rend aveugle au fonctionnement naturel d'un sol riche en vie organique, qui a pourtant été pendant des dizaines de milliers d'années l'attention première des paysans...

Mais d'autres cultures, comme la permaculture, sont maintenant à l'oeuvre, en prenant en compte à la fois les besoins du sol et de rendement...

Pour revenir au chamanisme, dans notre société occidentale, nous partons soit d'une page blanche, soit d'un a priori: c'est de la foutaise! Un truc archaique! L'important est uniquement ce qui se passe dans l'étroitesse de notre espace et de notre temps...

Si l'on fait l'effort de sortir de cet ethnocentrisme, d'aller regarder avec un esprit ouvert d'autres cultures, il y a de fortes chances que l'on se rapproche un peu plus de ce qui est, et de ce qui fonctionne...

Les traditions sont faites pour transmettre ces connaissances, tout en laissant la place, pour rester vivantes et donc adaptées, à l'apprentissage de différentes sources et à l'innovation...

Lorsque l'on voit chaque chose comme un clou, on ne travaille qu'au marteau... Mais certains "clous" bizarres seraient plus efficaces avec un tournevis!

On peut voir une culture comme une caisse à outils... Les chamans sud-américains intègrent volontiers les figures du christianisme dans leurs rituels hérités des tribus d'Amazonie... C'est pour moi leur faire honneur que d'importer une partie de leurs techniques en France...

Je me suis laissé dire que certains chamans, qui traditionnellement "voyageaient" sur le dos d'un aigle utilisaient maintenant une fusée...

Enfin une technologie sans émission de carbone?

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