Le chaman, un sorcier?
On aborde ici la question du bien et du mal, de l'éthique... Mais la définition du chaman, comme celle du sorcier, varie selon les époques et les cultures... Essayons d'y voir plus clair...
Pour commencer par le terme le plus proche de notre culture, un sorcier, avant d'être un homme malfaisant qui méritait le bûcher, était un sourcier, celui qui savait trouver les sources indispensables à la vie... Et si on peut imaginer que parmi les personnes brulées par l'inquisition se trouvaient effectivement des gens malfaisants, il est aussi fort possible que l'on ait sacrifié des personnes capable de guérir par des moyens peu compréhensibles...
Le terme chaman, emprunté à une langue de Mongolie et appliqué par les ethnologues à toutes les cultures, semble reprendre cette confusion entre celui qui jette des sors et celui qui apporte des soins.
En Amérique du sud, deux termes différents sont employés: curanderos pour ceux qui soignent, et brujos, pour ceux qui pratiquent, en quelque sorte, la magie noire... En français cela reviendrait à dire magicien (avec la possibilité de confondre avec un prestidigitateur) et sorcier...
Une question peut se poser, à ce stade de la réflexion: est-ce que tout cela n'est pas un peu manichéen? Est-ce qu'une personne ne peut pas avoir une pratique plus ou moins... euh... catholique?
D'après ce que j'ai vécu jusqu'ici, je pense qu'il est impossible qu'un chaman s'aventure avec succès dans les deux formes de pratique. Chaque pratique suppose d'être aidé par des esprits alliés. Le chaman sait si ses esprits alliés sont bienveillants ou malveillants parce que ceux-ci ne se trouvent pas au même endroit dans la cosmologie chamanique. Et, immanquablement, ceux qui viennent seconder le chaman positif le laisseront définitivement tomber (ce qui est très difficile à vivre) s'il s'aventure à pratiquer la magie noire.
Donc, s'engager dans les soins chamaniques, c'est s'engager à respecter une certaine éthique, ce qui est parfois très simple, parfois moins... Il est simple de choisir de ne pas intervenir sur une personne sans qu'elle le demande. Mais si quelqu'un vient pour retrouver un morceau de son âme (un recouvrement), et que c'est une autre personne qui lui a prise (inconsciemment), on va bien la retirer à cette autre personne sans lui demander son avis (ce qui peut avoir des conséquences pour elle). L'idée est ici de remettre en place les choses, de rendre à chacun ce qui lui appartient, même si cela bouscule un peu ceux qui s'étaient installés dans la confusion...
Le terme chaman tel que je l'emploie sur ce site a toujours la signification d'homme-médecine, parce que c'est la voie que j'ai choisi. Du travail sur soi à l'enchainement des actes violents dans les familles et dans le monde, il y a fort à faire dans ce domaine!
Alors, souhaitons-nous mille guérisons!